Dès le 25 octobre, l’Initiative for
Public Policy Initiative (IPPA), un groupe de réflexion du Nigeria, a écrit à
plusieurs responsables de grandes surfaces françaises pour protester contre la
«campagne menée par des détaillants français contre les petits
exploitants africains d’huile de palme».
«Vous avez fait chuter leur revenu, critiqué leur moyen de subsistance et injustement nui à la réputation du produit qu’ils cultivent», accusent les auteurs de la lettre ouverte.
Pour eux, cinquante ans après les indépendances
africaines, «on voit resurgir le spectre d’un comportement colonialiste,
que l’on croyait révolu, dans votre campagne contre l’huile de palme».
Ils rappellent qu’elle est l’huile
alimentaire «la plus abordable et la plus largement commercialisée au
monde» et constitue l’huile au meilleur rendement mondial par surface
cultivée.
Ce qui signifie que l’huile de
palme, uniquement produite dans les pays tropicaux, menace moins les forêts que
le tournesol et le colza, notamment cultivés en France…
Ils assurent en outre qu’elle n’est
pas néfaste pour la santé. Au contraire, riche en nutriments, avec des taux très
élevés en vitamines A et E, elle est d’un apport essentiel aux populations
pauvres, rurales comme urbaines, notamment en Afrique.
Les auteurs de la missive
enflammée placent même la France devant
ses contradictions, en soulignant que l’Agence française de développement (AFD)
avait récemment appuyé la plantation au Ghana de 3.000 hectares de palmiers à
huile pour aider 750 petits exploitants.
En juin, les Ivoiriens avaient
eux-aussi dégainé. L'Association ivoirienne des producteurs de palmiers à huile
(AIPH) a déposé une plainte auprès du tribunal de commerce de paris contre la
chaîne française Système U, pourtant présente dans le pays avec trois magasins.
Les professionnels ivoiriens avaient
peu apprécié une publicité intitulée «Stop à l’huile de palme» et
«Oui aux prix bas mais pas au prix de l’environnement».
Ce genre de procédure juridique —des planteurs africains attaquant des supermarchés français— est relativement
exceptionnel. Et souligne bien les importants enjeux financiers dans ce
dossier.
Le tribunal de Paris a examiné l’affaire et rendra sa décision le 4
décembre.
Au niveau mondial, la Côte d’Ivoire
ne pèse pourtant pas lourd, face aux deux géants mondiaux de l’huile de palme,
l’Indonésie et la Malaisie, qui assurent 85% de la production planétaire.
Mais le pays, en pleine
reconstruction après une décennie de troubles politiques, veut relancer sa
filière, à l’instar de plusieurs pays africains. Les principaux investissements
se concentrent actuellement au Liberia,
en République démocratique du Congo (RDC), au Gabon et en Ethiopie.
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