Le 20ème sommet de l’Union
Africaine (UA) vient de se clore à Addis-Abeba, là même où le Maroc a
claqué la porte de l’organisation en 1984. L’occasion de faire le point
sur la diplomatie du royaume en Afrique avec El Moussaoui Al Ajlaoui,
chercheur à l’Institut des études africaines à Rabat.
Depuis
que le Maroc ne siège plus à l’UA, toute sa diplomatie lors des sommets
africains est basée sur des rencontres bilatérales menées en marge des
raouts officiels. Est-ce efficace?
Oui.
Ces rencontres sont l’occasion de montrer que le Maroc reste un acteur
continental. Elles visent aussi à consolider l’amitié avec les pays
alliés qui se font les porte-voix de la marocanité du Sahara lors des
rencontres multilatérales de l’UA. Les réunions bilatérales sont une
manière d’avoir un pied à l’intérieur tout en gardant l’autre à
l’extérieur.
Qu’aurait à gagner le Maroc en réintégrant l’UA ?
Le
Maroc pourrait doper son rôle politique en Afrique, voire viser le
leadership. Depuis le déclenchement de la crise malienne, plusieurs pays
de l’espace sahélo-saharien se tournent vers le royaume car ils
craignent pour la stabilité de la région. C’est clairement le bon
timing pour réintégrer l’UA.
Le
président tunisien Moncef Marzouki a fait forte impression lors du
sommet. Le pays du jasmin pourrait-il devenir un concurrent du Maroc en
Afrique ?
La Tunisie vit
une douloureuse transition et a donc d’autres chats à fouetter que viser
un leadership sur le continent. Quand il sort de sa manche la carte de
l’Afrique, Moncef Marzouki est guidé avant tout par des soucis de
politique intérieure. Il se taille un costume panafricaniste pour
l’électorat tunisien en perspective des prochaines élections. Mais il
n’a pas véritablement le désir d’un destin continental.
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