dimanche 4 septembre 2016

Rodrigue Nguesso : « Être acteurs de l’avenir de nos pays »

Rodrigue Nguesso

A 40 ans, et après des études en France et aux Etats-Unis, Rodrigue Nguesso se vit plus que jamais comme un entrepreneur africain, à la tête de la société Bella Construct. Conscient de l’imminence d’une transition énergétique qui s’imposera d’autant plus durement qu’elle n’aura pas été anticipée, Rodrigue Nguesso souhaite participer à la mise en œuvre de solutions permettant au Congo, son pays natal, de ne pas subir l’avenir.


Depuis quelques années, le pessimisme n’est plus forcément la règle lorsque l’on évoque l’avenir du continent Africain. Quelle est votre vision de l’avenir de ce point de vue ?

Rodrigue Nguesso - Tout d’abord, je ne pense pas qu’il soit possible de parler du « continent africain » comme d’une entité unifiée. Même si l’intégration institutionnelle existe à certains niveaux, on constate surtout un développement différencié entre différentes zones. Les défis auxquels doit faire face le Maghreb n’ont rien à voir avec les problématiques de la corne de l’Afrique, pour citer deux réalités très distinctes…
Par ailleurs, je renvoie dos à dos « optimisme » et « pessimisme », car les deux notions me semblent refléter une vision passive de l’avenir. Nous devons être acteur de l’avenir de nos pays, pas observateurs tour à tour désolés ou enthousiastes.
Pour autant, si l’on se concentre sur l’Afrique sub-saharienne, il est évident que les indicateurs sont plutôt encourageants et témoignent que des changements profonds sont en cours. Je pense par exemple au fonds Africa50, soutenu par la BAD depuis 2015 et qui permet de sortir d’un court termisme politique inadapté aux besoins des pays. C’est le genre d’initiative que je souhaite pour le Congo notamment.

Justement, quels sont les besoins du Congo aujourd’hui selon vous ?

Rodrigue Nguesso - Je compte très bientôt mettre mon énergie à doter le Congo d'infrastructures modernes et non polluantes qui permettront à mon pays de réaliser sa transition énergétique comme se sont engagés les participants de la COP 21 qui s'est tenue dernièrement à Paris. Cette conférence sur le Climat a été pour moi une très bonne surprise, et les orientations prises vont dans le bon sens. On peut seulement craindre des retards à la mise en oeuvre, car à ce jour, les principaux pays pollueurs ne l’ont pas encore ratifié.

Mais les enjeux écologiques ne sont-ils pas secondaires au regard de l’impératif de développement ?


Rodrigue Nguesso - Pas du tout ! Croire que le développement durable serait un luxe est une vision fausse de la réalité du développement (au sens global du terme). Par exemple, de mon point de vue, dépendre quasi exclusivement des énergies fossiles et des industries extractives est une stratégie risquée à long terme. Nous avons en Afrique la chance de bénéficier d'un climat très favorable, il faudra nécessairement accentuer notre envie de favoriser les énergies renouvelables (panneaux solaires, construction écologiques).    

jeudi 1 septembre 2016

Uber tente de s’implanter sur le continent africain

Phénomène majeur de la nouvelle économie, le groupe Uber tente de s’implanter sur le continent africain. Malgré des déboires juridiques réels et des plaintes à répétition, la jeune startup a connu un succès foudroyant dans les pays occidentaux. Aujourd’hui, l’installation du groupe en Afrique symbolise le développement de l’économie collaborative sur le continent.

Il y’a trois mois Alon Lits, PDG d’Uber Afrique, annonçait que l’Afrique était "le dernier continent dont le potentiel n’a pas été exploré". En effet, encore embryonnaire sur le continent africain, Uber limite pour le moment ses activités à une dizaine de villes répartie sur l’ensemble du continent. Cependant, des difficultés systémiques, comme la vétusté des routes ou la faiblesse du réseau 3G liée à la fracture numérique du continent, continuent d’exister et de freiner le développement du groupe sur l’ensemble du territoire. Mais Uber peut compter sur la faiblesse du réseau de transport en commun ou la nécessité de proposer une alternative viable à la voiture individuelle. Plus encore, Uber investit dans d’autres secteurs, comme la livraison de repas, pour compléter sa gamme.

Uber n’est pas un cas isolé. Bien au contraire, l’installation du groupe semble symboliser le développement rapide de nouvelles formes d’économie collaborative sur le continent, destinées à pallier les défaillances actuelles en la matière. Mais Uber n’est pas un pionnier dans l’économie collaborative sur le continent africain. Déjà, de premières expériences existaient de manière informelle, fondées sur les solidarités locales ou les connaissances interpersonnelles, se rapprochant plus du troc ou de l’échange de bon procédé. Mais de plus en plus, ces pratiques s’officialisent et se concrétisent par un réseau de startups implantées dans le tissu urbain. C’est ainsi le cas de Jwebi, spécialisé dans le crowdshiping, permettant de faire transporter ses colis par des particuliers, pour des sommes plus faibles et dans des délais souvent plus rapides que par les services postaux traditionnels.

Le développement de l’économie collaborative sur le continent africain répond ainsi à des enjeux économiques majeurs, dont le développement numérique des territoires, permettant l’accès immédiat et rapide aux applications proposant des services liés à l’économie collaborative. De même, l’économie collaborative peut constituer des débouchés intéressants pour de jeunes diplômés, fin connaisseurs des nouvelles technologies et désireux de mettre leur compétence au service de leur pays.

jeudi 18 août 2016

Energies renouvelables : l’Afrique se prépare un futur vert


Engagé dans la transition énergétique, le continent africain prépare un panel de grands projets destinés à assurer une consommation énergétique renouvelable et ancrée dans les objectifs et standards internationaux. Eoliennes, panneaux solaires ou encore fermes biologiques commencent ainsi à émerger et à émailler les territoires. Pour l’Afrique, l’enjeu est de taille. En effet, le continent doit assurer une production énergétique capable de répondre à une demande grandissante tout en favorisant l’émergence de projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique. 



En liant volonté étatique et collaboration active avec des organismes internationaux, certains pays africains développent des projets d’énergie renouvelable majeurs. Au Rwanda, qui fait figure de ‘pionnier vert’ du continent, certains projets ont ainsi pu permettre de palier la faible couverture énergétique de plusieurs territoires isolés. Ainsi, un champ de panneaux solaire a été mis en place dans la province de Rwamagana, permettant de fournir en énergie environ 500 personnes. Autre avantage, les grands projets énergétiques sont des cercles vertueux permettant la création d’emplois à tous les niveaux, de l’ouvrier jusqu’à l’ingénieur, ce qui représente un aspect positif dans des régions souvent isolées où les taux de chômage atteignent parfois des records.

Certains pays d’Afrique sub-saharienne se sont d’ores et déjà imposés comme des leaders reconnus dans le secteur de l’énergie verte, fruit d’une volonté étatique marquée. L’Ethiopie, par exemple, a achevé la construction d’un champ d’éoliennes de 100 km2 composé de 84 turbines et fournissant 400 GW d’électricité par an. Mais plus récemment, c’est le Kenya qui s’est imposé comme un Etat majeur dans l’énergie renouvelable en érigeant un champ d’éoliennes de 365 turbines sur 400 hectares. Le principal problème reste bien évidemment celui du financement de ces projets colossaux. En effet, peu rentables, mis à part à très long-terme, les Etats africains peuvent bénéficier de fonds extérieurs, avec l’aide d’agences d’aide au développement étrangères, comme l’AFD en France.

Dans un autre cadre plus accessible aux populations locales, c’est vers l’agriculture ‘verte’ que se tournent de plus en plus d’Etats africains. Permettant de diversifier l’offre de produits agricoles et d’ajouter une composante qualitative aux produits, l’agriculture biologique est aussi un label positif à l’exportation, notamment dans un cadre international toujours aussi concurrentiel, dans lequel les plus petits producteurs ont du mal à s’imposer, notamment face aux géants du secteur.

jeudi 30 juin 2016

Economie : l’Afrique subsaharienne face au boom des hubs technologiques

Symbole de la révolution numérique en cours sur le continent africain, les hubs technologiques connaissent, depuis quelques années, un développement rapide. Véritables concentrés d’innovations et de technologie, ils s’insèrent de plus en plus dans l’économie locale et permettent de tisser un réseau de startups sur le territoire, attirant ainsi cadres, ingénieurs et jeunes diplômés.

Le développement des infrastructures numériques constitue un enjeu majeur pour le continent africain. En effet, toujours marquée par un retard colossal en la matière, une majeure partie des africains n’a pas accès à internet ou à la téléphonie mobile, constituant ainsi sans nul doute une pénalité économique profonde. En outre, certains pays très peuplés, comme l’Ethiopie, la RDC ou la Tanzanie doivent faire face à des taux de connectivité extrêmement bas, parfois inférieurs à 5%. Les difficultés systémiques sont donc réelles, malgré les efforts engagés par les pouvoirs publics ou les organismes internationaux.

D’ici 2050, 1 habitant sur 4 vivra sur le continent africain. L’enjeu est donc de taille pour fournir à une population nombreuse et à une classe moyenne en expansion continue les moyens d’accéder aux nouvelles technologies. Les hubs technologiques africains ont donc vocation à contribuer aux prolégomènes d’une économie numérique, même embryonnaire, sur le continent. De même, tout en respectant les règles de l’économie de marché, les hubtechs s’inscrivent dans une vision alternative du développement, fondée non sur un refus de la concurrence, mais sur une volonté de développement participatif, encourageant ainsi l’openinnovation et un regroupement les synergies inventives.

Mais les acteurs africains du numérique ou les jeunes désireux de se lancer peuvent compter sur des relais puissants en Europe ou aux Etats-Unis,  comme Afrobytes, hub domicilié en Europe et proposant aux jeunes diplômés africains un accompagnement et un réseau jusqu’à leur installation en Afrique. Pour la cofondatrice du hub, Haweya Mohamed, l’engouement est réel, à tel point que les nouvelles pistes d'atterrissage en Afrique ne sont plus forcément les chambres de commerce mais bien les Hubs technologiques.

D’un point de vue marketing, l’Afrique a donc désormais vocation à devenir une marque, non plus empreinte de méfiance pour les investisseurs, mais fondamentalement porteuse d’innovation. A ce titre, l’image du continent doit être refondée par les acteurs qui contribuent au développement numérique de l’Afrique, afin notamment d’encourager les investissements extérieurs et les échanges avec les groupes étrangers. « Je serais vraiment heureuse le jour où je rencontrerai quelqu'un qui me parle du continent avec des termes tels qu’entrepreneuriat féminin ou innovations digitales » précise en ce sens Haweya Mohamed.

mardi 8 mars 2016

Safe African Investment : la finance africaine à maturité

Considéré comme un membre de la « jeune garde » des élites économiques africaines, Yoann Gandzion est désormais à la tête de Safe African Investment, une firme dédiée à l’accompagnement des investisseurs en Afrique. Et lestée d’une ambition qui excède largement le champ financier…

Yoann Gandzion
En créant Safe African Investment (SAI) en 2015, Yoann Gandzion a souhaité déployer une offre solide au service d’une ambition pour le continent. En effet, pour celui qui désire « développer les potentiels de l’Afrique », il était plus que nécessaire d’offrir au marché la possibilité de se faire accompagner pour investir aussi bien dans des projets pré identifiés que sur des secteurs plus ouverts. Car si les perspectives sont très optimistes sur le continent, notamment dans les infrastructures pas question de se lancer sans analyser tous les enjeux.

En se spécialisant sur des secteurs stratégiques (voire vitaux), Safe African Investment a pu multiplier les opérations. Sa spécificité ? Apporter aux pouvoirs publics des financements jusqu’à 100% sur des projets prioritaires. Une démarche dans la droite ligne des recommandations du PNUD en la matière, qui incite régulièrement les acteurs privés à prendre leur part des efforts financiers à accepter dans le cadre du développement des économies africaines.

Un développement qui se veut, de plus, complètement durable, avec une attention particulière au secteur des énergies renouvelables, qui aura dans les années à venir un rôle essentiel à jouer. Mais si Yoann Gandzion prône une finance « responsable » (au point d’être qualifié par la presse d’« investisseur responsable »), cela ne veut pas dire qu’il néglige les fondamentaux. Pour ce spécialiste des produits financiers complexes, qui a notamment une forte expérience de montages techniques sur le marché des commodities et sur les produits dérivés, l’Afrique


Grâce à son expertise de financier et à sa maitrise des enjeux, SAI a donc pu participer à plusieurs partenariats public-privé (PPP, notamment au Congo. Dans ce cadre-là, Yoann Gandzion a déjà financé des infrastructures au Congo. Et dans le secteur de la santé, Safe African Investment a, sous sa houlette, monté des financements pour un montant global de 180 millions d’euros au service du dispositif de santé public local.